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Le blog de Keyvan Nilforoushan

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Où est l’école de formation du capital-investissement ?

Je suis tombé ce week-end sur un article (Fixing VC Ourselves, Jerry Neumann) listant tout ce qu’il y aurait à repriser dans le modèle actuel du capital risque (vaste programme…).

Il met le doigt sur une des principales coquetteries du métier :

Une des choses étranges du VC est à quel point nous ne prenons pas notre activité au sérieux. C’est la seule industrie de services qui ne pense pas que ce soit une bonne idée de former ses employés. (…) Il n’y a aucun autre métier où l’on s’attend à ce que les gens débarquent et fassent spontanément bien le travail. Nous en souffrons tous.

Cela se rapproche un peu du constat d’Arnaud Delattre (Quelques convictions sur le capital-risque) :

Trop de juniors : les dossiers en Capital Risque sont petits, donc peu rémunérateurs dans un système de rémunération au pourcentage des sommes investies. On délègue le suivi quotidien à des ressources humaines juniors, passées directement de l’école à la gestion de ces participations, champions d’Excel, mais sans aucune crédibilité ni valeur ajoutée vis-à-vis des entrepreneurs.

C’est malheureusement endémique de l’organisation de la profession, en particulier en France. Trop de dossiers, pas assez d’argent investi dans chacun – en raison en particulier de contraintes  fiscales aléatoires et aberrantes qui se sont empilées depuis la loi TEPA de 2007 au prix d’un je-ne-sais-quoi d’amateurisme de la part de leurs rédacteurs.

Le métier a longtemps été un métier de compagnonnage, où les anciens formaient les plus jeunes sur des périodes longues. Ce modèle, semblable à celui issu de l’artisanat, reposait sur un nombre limité de juniors par rapport aux seniors. En quelques années, pour absorber de front la montée des capitaux sous gestion et la diminution des montants pouvant être investis sur chaque dossier, la profession a été obligée d’adopter à marche forcée le modèle pyramidal classique des professions de conseil et des cabinets d’avocats. Elle a dû chercher comment faire reposer le maximum de son activité productive sur des effectifs le plus junior possible, afin de maximiser les fonds pouvant être gérés par associé (et donc la rentabilité de la société de gestion).

Le grand absent de ce modèle, malheureusement, reste une réflexion structurée sur ce qui est nécessaire pour que ces juniors “champions d’Excel” passent toutes les autres portes sur le parcours faisant d’eux des investisseurs à succès. Nous avons passé des années à nous interroger, sans vraiment trouver de réponses, sur le plan de carrière que nous pouvions offrir à nos recrues. C’est quasiment un acquis qu’un fonds préférera recruter un associé à l’extérieur que de le promouvoir en interne, tout simplement parce que – sauf circonstances exceptionnelles – la formation d’un analyste ne lui permettra jamais de développer les compétences d’un associé.

La réponse n’est pourtant pas si inaccessible. Accenture, Deloitte, et les grands cabinets d’avocat ont leurs écoles de formation – où sont celles de nos fonds ?

 

C’était en 2001

Je me souviens… C’était en 2001. Sciences-po ouvrait une filière spéciale ZEP.

J’étais encore étudiant à l’époque (pas à Sciences Po, en école d’ingénieur, mais j’avais beaucoup hésité) et forcément nous en parlions beaucoup : dans le meilleur des mondes, cela serait bien, mais dans la vie réelle c’était idiot, inconsidéré, … Il fallait bien sur prendre le temps de réfléchir, de consulter, et d’apporter une solution globale et non parcellaire. Après tout, à quoi bon en “sauver” quelques uns si on ne résout pas intégralement le problème des ZEP ?

Ridicule.

Je commençais à l’époque tout juste à découvrir les mécanismes de la résistance au changement. Et notamment cet usage redoutable du “à quoi bon”, du “meilleur des mondes” et de “la vie réelle” pour tuer les idées qui dérangent. La nouveauté est condamnée pour délit de naïveté – et avec suffisamment de cynisme, on peut rendre naïves les idées les plus pragmatiques.

Pourtant j’aime bien la naïveté, c’est ce qui permet de continuer à s’émerveiller de temps en temps…

Ne me parlez pas
De la sagesse des vieux hommes, mais plutôt de leur folie
De leur peur de la peur et de l’agitation (…)

— T.S. Elliot (East Coker)

Dans mon école, les ZEP n’étaient pas le problème principal. Nous avions 14 % d’élèves étrangers (soit presque autant que de femmes !) et la question du jour était de savoir comment réussir à en “intégrer” plus, dans le sens d’augmenter ce nombre sans pour autant changer quoi que ce soit à l’école. Nous cherchions en somme cette diversité magique qui apparaît dans les statistiques mais pas dans le quotidien.

Le temps a passé. J’étais récemment à l’ESCP Europe et surpris de voir quasiment tout le monde parler français parfaitement, mais avec un accent (ou plutôt, une multitude d’accents, certains du soleil et d’autres de la pluie). 75% d’étudiants étrangers. Quelle chance phénoménale pour les quelques français ! J’aurais aimé avoir ce même bonheur. Ne nous trompons pas : c’est dans ce genre d’environnement que nous formerons ceux qui vont inventer les premières PME multinationales.

Oui, l’enseignement supérieur a bien changé en 15 ans, et Richard Descoings a joué un rôle majeur là-dedans. C’est parce qu’il a enfoncé des barrières et essuyé des plâtres (et sans nul doute fait plein d’erreurs) que les suivants on pu enjamber ces barrières. Et quand on lui en parle, il répond – avec beaucoup plus de modestie dont je ne serais moi-même capable – “Je laisse à chacun le soin de juger si, en quinze ans, j’ai fait deux-trois choses qui ont changé l’institution” (dans libé). Chapeau !

La seule sagesse que nous pouvons espérer acquérir
Est la sagesse de l’humilité : l’humilité n’a pas de limites.

— T.S. Elliot (East Coker)

Pour ne pas devenir totalement hors-sujet d’ici quelques années, l’enseignement supérieur français n’a pas besoin d’argent, mais de courage. Richard Descoings n’en manquait pas. Je n’ai aucun mal à comprendre l’attachement extraordinaire de ses élèves pour lui.

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Chiens de lecture

Des “chiens de lecture” spécialement dressés écoutent patiemment quand des enfants leur font la lecture. Une belle et bonne idée.

Quand Danny [le chien] s’endort, je dis aux enfants qu’il rêve de leur histoire.

Source : Read dogs: nonjudgmental greyhounds that listen to kids reading – Boing Boing.

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Enseigner la science

Et si on apprenait la science en faisant de la science ?

Un projet anglais consistait à faire juste cela : demander à des enfants de 8 à 10 ans de formuler des hypothèses, une expérience pour les valider, et de rédiger un article qui a été publié dans un journal scientifique.

Bien sur, le style détonne un peu de l’habitude :

People think that humans are the smartest of animals, and most people do not think about other animals as being smart, or at least think that they are not as smart as humans. Knowing that other animals are as smart as us means we can appreciate them more, which could also help us to help them.

Mais la clé est que ces enfants y sont arrivés, et que la seule partie de l’article qu’ils n’ont pas réussie à écrire eux-mêmes est le résumé/synthèse qui figure traditionnellement en tête… Cela montre peut-être une construction plus tardive des capacités de synthèse par rapport à celles d’analyse ?

via Marginal Revolution: Ahead of their tenure clock.

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Pragmatisme dans l’enseignement

Suite à une coupure budgétaire, un professeur de maths dont les sujets d’interrogation coûtent 500 $ par an en impression s’est vu demander de les imprimer pour 316 $… ce qu’il a réussi en vendant de la publicité sur les QCM !

Lien : Teacher Sells Ads On Tests To Cover Printing Costs – The Consumerist.

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